Ce n’est pas mon habitude de pousser des coups de gueule mais là je suis navrée. Navrée d’être une femme ayant des responsabilités dans une entreprise et de surcroît enceinte.
On m’avait pourtant prévenu : la vie d’une femme en entreprise n’est pas de tout repos. On me l’avait dit et redit : « Si tu tombes enceinte, tu vas voir qu’on ne te fera pas de cadeaux ». On m’a même prévenu pour la suite « Tu verras, après ton congé mat’, on t’aura modifier ton poste »…
J’ai galéré pour trouver mon premier job dans le secteur d’activité qui m’intéressait. Heureusement, ce premier boulot m’a servi de tremplin pour la suite de mon parcours professionnel et de poste en poste, je suis arrivée dans mon entreprise actuelle : un salaire intéressant, un travail passionnant, des responsabilités…. Quatre ans que j’y suis et ça se passait pas trop mal (on n’est pas dans le monde des Bisounours, il y a toujours des journées sans).
Malgré tout, j’ai bien souvent remarqué que je « n’était qu’une femme » : moins informé que mes collègues masculins sur les évolutions de l’entreprise, probablement salaire moindre (sujet difficile à aborder en entreprise française)… Ce sont surtout sur les derniers mois où mes oeillères se sont levées (peut-être ne m’étais-je jamais vraiment posé la question avant). A l’occasion des élections des membres du CE, mon nom ne figurait pas sur la bonne liste. Je n’étais pas présente avec mes homologues à responsabilités. Attention, loin de moi l’idée de me sentir supérieure aux autres salariés. Cette anecdote a simplement été l’évènement déclencheur.
A la suite, j’ai constaté que sur l’organigramme, j’étais la seule à ne pas avoir mon nom indiqué au dessus de mon service comme tout les autres responsables, seul le nom de mon service apparaissait. On m’a dit de nouveau que ce n’était qu’un « oubli »…
Ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’être présentée, lors des visites d’entreprise, comme « celle qui prend des notes » des idées de son responsable pour les mettre en application. Ça fait vraiment mal quand c’est vous qui faites le travail et que votre supérieur n’est même pas au courant des dossiers en cours….
Je vous passe les autres anecdotes où à votre seul arrêt maladie en 4 ans pour une angine, on vous fait passer pour une femme « en dépression » (le rapport entre angine et dépression doit être trop misogyne pour que je comprenne)… où quand votre collègue s’en va et qu’elle n’est pas remplacée au bout de 6 mois, on vous reproche d’avoir fait 4 heures supplémentaires « injustifiées » (c’est vrai que j’adore rester le soir sur mon lieu de travail et ce que je fais dans ces moments là, mais probablement que je joue sur l’ordi, bah tiens, je reste certainement pas pour terminer ma double charge de travail, et 4h en 6 mois, whaou, je vais certainement couler la boîte avec l’argent que j’ai touché en plus)…
Aujourd’hui, je suis enceinte. Pour la première fois, à 33 ans. J’ai beaucoup de mal à penser à ma grossesse, à mon bébé, parce que la pression est énorme. Je l’ai annoncé en début de semaine non sans stress. Aujourd’hui, j’apprends que deux de mes collègues masculins vont être chargé de vérifier mon travail (pas me décharger de certaines tâches, non, non, vérifier que je travaille bien parce que c’est vrai qu’enceinte, tes neurones te lâchent et tu n’est plus capable de travailler correctement).
Bref, ce post est bien long pour finalement et tristement quelque chose de bien trop courant encore dans notre pays en 2011… mais ça me désole et j’avais besoin de le partager.
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