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J’ai commencé à fumer ado, banalement, pour faire comme les autres. Je fumais occasionnellement. C’est devenu une véritable accoutumance au lycée et surtout dans les années qui ont suivi. Je ne me souciais pas vraiment d’arrêter. A l’époque ce qui me gênais le plus, c’était le prix puisque j’avais très peu d’argent de poche. Je ne me souciais pas des conséquences sur la santé puisque j’étais jeune et que je voulais être comme les autres. Tous mes amis fumaient et on se sentait bien ainsi.
Quand je me suis séparé de mon ex, j’ai voulu cesser toutes les dépendances qui m’empoisonnaient la vie. J’ai fait de très nombreux essais : patchs, cigarettes aux plantes vendues en pharmacie, Nicorette, acupuncture, homéopathie…. Et j’ai vite désenchanté : aucune méthode ne s’est révélée efficace à 100%. Les patchs ne m’enlevaient pas l’envie de fumer, de tenir ma cigarette et d’inhaler le goudron et la nicotine. Il m’est même arrivé de fumer avec mon patch quand l’occasion se présentait (la rencontre d’un groupe de fumeur, par exemple). Les cigarettes aux plantes me frustraient, je tirais dessus comme une malade et j’aurais pu m’envoyer tout le paquet à suivre que l’envie ne serait pas passée. Les pastilles Nicorette me rendaient malade à vomir. Le goût est infâme. Je n’ai pas tenu une semaine. Les séances d’acupuncture avaient au moins le mérite de me détendre. Après ma première séance, je me suis sentie tellement détendue que tout mon entourage m’a cru complètement stone. L’inconvénient, c’est qu’il m’aurait fallu une séance tous les jours. L’homéopathie seul ne m’était pas non plus suffisant. Je prenais mes petites gélules à chaque envie de fumer tout en me rendant bien compte que ce n’était qu’un placebo destiné à divertir mon attention. J’ai également lu les bouquins d’Allen Carr et autres ouvrages sur le sujet mais sans plus de résultat. Au mieux, j’arrêtais 3 jours avec ces méthodes.
Pourtant, je ne suis pas une grosse fumeuse et selon le test de Fagerström, je ne suis pas dépendante physiquement du tabac. Alors, pourquoi arrêter me donne tant de mal ?
J’ai beaucoup réfléchi à la question toutes ces années. Pourquoi ne peut-on pas s’écœurer du tabac comme on se dégoûte d’un plat ou d’une boisson ? Pourquoi ne se lève t’on pas un bon matin sevrer de la clope ?
J’ai pourtant arrêté de fumer en juin 2009 en mixant acupuncture et homéopathie. J’ai repris en octobre 2010 suite à une mauvaise passe affective. Il aura fallu une clope pour que je replonge. Une seule clope que j’ai trouvé dégueulasse mais qui m’a donné ce petit vertige de défonce et c’était reparti.
Peu de gens savent que j’ai repris. Je ne fume pas sur mon lieu de travail, ni en ville. Je ne fume qu’à la maison, en cachette en somme. Je suis aujourd’hui enceinte de 6 mois et je ne peux m’empêcher de fumer alors que ça me culpabilise à mort.
Pourtant au fond de moi, j’ai le secret qui me permet d’arrêter de fumer. Ce secret je le connais puisque je l’ai déjà expérimenté pendant mon précédent arrêt et que l’expérimente même tous les jours finalement. Comment je peux ne pas fumer de la journée et être incapable de résister en rentrant chez moi (ce qui fait plus de 18h sans tabac) ? La réponse : le cerveau et son conditionnement. C’est ce que j’avais touché du doigt dans le livre d’Allen Carr et pendant mon arrêt l’année dernière. Finalement, tout se joue dans la tête et ce n’est même pas une question de volonté. Il n’y a pas même pas de lutte ou si peu quand vous avez décidé quelque chose et que vous avez programmé votre cerveau pour le voir ainsi. Comme quand vous allez au cinéma, vous savez que vous ne pourrez pas fumer pendant le film et finalement tout se passe bien, vous en allumerez une après la séance, votre cerveau ne vous envoie normalement pas de message de frustration par rapport au tabac (sauf si le film est nul et que les acteurs ne font que de se griller des blondes).
C’est en relisant un article de Marie, la chic fille, que je me suis rappelé que tout se jouait dans la tête. Et j’ai aimé qu’elle parle de sa crise de larmes dans les jours qui ont suivi son arrêt parce que c’est vrai que pour moi aussi, arrêter de fumer c’est se confronter au vide et souvent à la déprime les premiers jours. Je me souviens également que lors de mon précédent arrêt, ce qui m’aidait beaucoup, c’était de tout petits défis du type « tu as réussi à ne pas fumer pendant 2 jours, tiens le coup 2 jours de plus, tu en es capable », « Ne craques pas maintenant, ça fait X jours que tu tiens, ce serait dommage de tout mettre par terre pour une pulsion de 3 minutes ». Enfin, bizarrement, passé les premiers jours, on a l’impression très forte que c’était hyper facile d’arrêter et c’est là où il ne faut surtout pas se fourvoyer en en rallumant une et en se disant « finalement, je peux arrêter quand je veux » parce que ça c’est ce qui met tout par terre. C’est juste un signal que l’on est sur la bonne voie et que ce sera de moins en moins dur et, c’est bizarre à croire au début, mais quand on ne fume plus, on est beaucoup moins stressé. Chose étrange également, les rêves. Vous rêvez la nuit que vous fumez alors que ça ne vous arrivait jamais auparavant. C’est plutôt déstabilisant et pourtant c’est également un signe que votre cerveau enregistre l’arrêt du tabac. Et puis, fumer dans ses rêves ne présente aucun risque pour la santé.
Bref, c’est tout l’art d’être bienveillant avec soi-même, de croire un minimum en soi mais de ne surtout pas faire de compromis avec son cerveau (il est trop fort ce fourbe, dites lui « c’était une dure journée, je peux m’octroyer une cigarette » et il ne vous lâche plus jusqu’à ce que ce faux besoin soit assouvi).
Bref, tout ça pour dire que tout se met dans ma tête progressivement et que je sais que je vais y arriver. Parce que finalement, je renonce à si peu de chose… que ce n’est sans doute pas la peine de m’en faire une montagne.
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